TO SAVE THE WORLD, WE WILL BECOME THE WORLD [I & II]
[Sixième exposition internationale d’estampe numérique, Ottawa]

La démocratisation des moyens de fabrication et de transformation de l’image nous offre un cliché virtuel de ce à quoi ressemblerait une post-humanité dans laquelle plusieurs des manipulations virtuelles possibles aujourd’hui, seraient permises par l’essor des sciences génétiques et naniques. Une personne pourrait ainsi modifier son corps soit pour en tirer la force et la confiance nécessaire à surmonter des problèmes affectifs et encourager son émancipation personnelle soit simplement dans le but de rendre compte plus fidèlement de son identité psychologique, partager plus efficacement ses goûts, ses passions ou encore optimiser sa contribution à la vie communautaire.
L’accroissement de l’accessibilité au public et aux artistes des logiciels de manipulation de l’image et de modélisation virtuelle renverse la familière unilatéralité cosmétique des médias. La notion de «corps idéal» (sommet de la pyramide cosmétique, forme unique vers laquelle toutes modifications doivent tendre), est remplacée par la notion de «corps préféré» (choisi parmi une infinité dans l’imaginaire collectif, fidèle représentation pour l’individu de sa réalité intérieure effective ou alors celle qu’il désire atteindre).

Le slogan (pour sauver le monde, nous deviendrons le monde) fait référence au lien qui existe entre l’élargissement du « cercle moral» aux autres règnes vivants et l’accroissement des possibilités transformatives de notre corps : en devenant l’Autre (l’autre culture, l’autre espèce) nous l’intégrons à notre moralité collective, lui octroyant ainsi les mêmes droits inaliénables dont bénéficient les autres membres de notre communauté. Si rien d’autre, les technologies géno-naniques ont accompli ce changement de paradigme moral qui a rendu possible l’assimilation dans la culture populaire de l’idée de «personne» et de celle du «vivant» .


