I TRANSFORM AMERICA AND AMERICA TRANSFORMS ME
[exposé dans le cadre du Annual Emerging Sculptor’s Exhibition 2011 - SSC Toronto]
Confectionnée à partir des pièces d’un jouet, cette sculpture qui utilise la technologie Tranformers® est en fait une effigie à deux corps. Dans un de ses modes elle incarne l’artiste Joseph Beuys portant ses habits caractéristiques, dans l’autre elle revêt les traits du coyote rendu célèbre par la performance new-yorkaise de l’artiste allemand (I Like America and America Likes Me). L’œuvre profite ainsi d’une double voire triple nature , pouvant montrer tour à tour l’une et l’autre de ses physionomies (Beuys ou le coyote) ou encore se figer en une troisième, immobilisant l’acte même de la transformation (Beuys se transformant en coyote ou le coyote se transformant en Beuys).
I Transform America and America Transforms Me est une des pièces préférées de l’artiste pour deux raisons principales : d’abords parce que pouvant changer à son gré de forme la sculpture le/la renvoie à la nature composite et variable de sa propre identité, ensuite parce que sa petite échelle lui permet de voyager avec la même liberté que son auteur à qui elle sert alternativement de mascotte et de fétiche. Dans le coyote, elle/il contemple l’américanité vagabonde, éternelle parce qu’elle arrive à exister sans laisser de traces; en Beuys, il/elle admire l’artiste qui occupe la position précaire du dompteur (celui qui imprime une transformation) et de l’émule de cet esprit (celui qui se laisse transformer).
Par-dessus tout, l’artiste garde cette sculpture comme exemple des effets que peuvent avoir les technologies de transformations modernes sur la représentation métaphorique en art. En effet, en fabricant des œuvres transformables, elle/il ne travaille plus à l’intérieur d’une dualité fond-forme, car la sculpture partage dorénavant son temps et son corps entre deux formes qui ont leur fond respectifs. L’œuvre évite ainsi l’écueil fangeux de l’abus métaphysique, du vouloir dire, pour incarner un véritable pont entre deux postures conceptuelles. Beuys (l’artiste) est dorénavant uni au coyote (l’imaginaire collectif) par un lien performatif réel(la transformation).
